Mes films LGBTQIA+ préférés de 2000 à ce jour

L’année 2000 a véritablement été un tournant pour moi dans ma vie de cinéphile. Non pas que je n’aimais plus les films, mais que pour des raisons familiales, j’ai commencé à les voir en décalé. DVD, VOD et plus tard plateformes de streaming plus ou moins légales, j’ai vécu une autre expérience du cinéma. Cependant, j’ai toujours gardé un intérêt pour les productions avec des sujets LGBTQIA+.

A vrai dire, la sélection a été quand même plus difficile pour le post-2000 tellement le volume et la qualité de la production de films LGBTQIA+ a été riche. J’ai du faire des choix pour privilégier ceux que j’ai vraiment appréciés, même si ce ne sont peut-être pas les meilleurs au sens cinématographique. On va retrouver des réalisateurs confirmés ainsi que des nouveaux qui ont percé dans les deux dernières décennies. Même si le sujet du SIDA n’est plus aussi prégnant, on trouve encore beaucoup de drames ou des oeuvres en mi-teinte.

La mauvaise éducation (2004)

J’ai déjà parlé d’Almodovar ici et de mon admiration pour ses oeuvres qu’elles soient LGBTQIA+ ou non. Même si j’ai beaucoup aimé Pain and Glory que je trouve son oeuvre la plus personnelle, je vais mettre en avant La mauvaise éducation, elle aussi très personnelle. Au travers de récits tortueux entre deux époques, Almodovar nous embarque une fois de plus dans son univers coloré qui peut à la fois choquer et émouvoir. Il y parle de sujets graves et de souvenirs enfouis via une intrigue complexe, mais totalement maîtrisée. J’avoue que l’ambiguïté du personnage de Gael Garcia Bernal m’avait fasciné à l’époque. Tant par sa beauté incroyable au naturel que lorsqu’il est travesti.

C.R.A.Z.Y (2005)

Crazy c’est une chanson de Patsy Cline, mais surtout les initiales des cinq frères de cette saga familiales québécoise. C’est l’histoire de Zac qui nous parle avec humour et sarcasme du malheur d’être né le jour de Noël, de se sentir différent des autres et de grandir dans une famille de garçons auxquels il essaie en vain de ressembler. La mise en scène de Jean-Marc Vallée est rythmée et poétique. Le jeu de Marc-André Grondin est bouleversant de sensibilité.

J’avais beaucoup aimé cette famille et le thème de la fratrie est toujours quelque chose qui me touche au cinéma. Et j’ai adoré la quête de soi de Zac et toutes les étapes par lesquelles il passe avant de se trouver lui-même.

Le secret de Brokeback mountain (2005)

Dans cette oeuvre magistrale réalisée par Ang Lee, on suit la vie et l’amour impossible de deux cowboys qui tombent amoureux un été 1963 alors qu’ils travaillaient à Brokeback mountain dans le Wyoming. Sans doute un des films les plus émouvants que j’ai vu de ma vie avec deux acteurs impressionnants de justesse : Heath Ledger le mutique déchirant (la scène de la chemise) et Jake Gyllendaal l’écorché vif qui nous embarque dans un torrent d’émotions. Alors oui on aurait voulu les voir heureux tous les deux dans un petit ranch au lieu d’avoir passé à côté de leur vie. Un film qui a marqué son époque et qui est toujours aussi douloureux à regarder à chaque fois.

Shelter (2007)

On n’a certainement pas affaire ici à un chef-d’oeuvre, mais juste à un joli film qui fait du bien et c’est vrai que la production LGBTQIA+ occidentale manquait furieusement de ce genre de films. Ce qui fait que lorsque je suis tombée dessus à l’époque ce film m’a beaucoup plu par son esthétique avec de jolis surfers et son état d’esprit positif. J’ai bien aimé aussi le côté artiste graffeur du personnage principal. C’est une ode à la liberté et à l’acceptation de soi-même. On n’y parle aussi d’homoparentalité. Un film à voir lorsqu’on a un coup de mou.

Harvey Milk (2008)

Réalisé par Gus Van Sant, ce film nous conte la vie de l’activiste Harvey Milk le premier homme ouvertement homosexuel a être élu à des fonctions officielles en Californie à la fin des années 70. Le politicien devient ensuite le héros de la lutte contre les discriminations envers la communauté LGBTQIA+ avant de finir assassiné. Au delà de la performance d’acteur formidable et émouvante de Sean Penn, le film est un vif plaidoyer pour l’engagement politique et pour la lutte pour les droits des minorités. Une lutte qui reste hélas toujours d’actualité.

A single Man (2009)

Le créateur Tom Ford a adapté un roman de Christopher Isherwood pour son premier film en tant que réalisateur. Il suit George Falconer (Colin Firth), un professeur d’université britannique vivant à Los Angeles en 1962, qui traverse une profonde dépression après la mort de son partenaire, Jim, dans un accident de voiture. Le film se déroule principalement sur une journée où George envisage de mettre fin à ses jours, mais au fil des interactions avec des amis, des étudiants et des inconnus, il trouve des moments de connexion et de beauté qui le font reconsidérer sa décision. Le film explore avec beaucoup de style les thèmes de perte, de solitude, d’amour et de l’impact que les relations humaines peuvent avoir sur quelqu’un au bord du désespoir.

Tomboy (2011)

Dans ce film français, Céline Sciamma nous fait suivre l’histoire de Laure, une enfant de 10 ans, qui déménage avec sa famille dans une nouvelle ville durant l’été. Laure décide de se faire passer pour un garçon auprès des autres gamins du quartier et se présente sous le nom de Mickaël. Elle se lie d’amitié et de complicité avec Lisa, une fille du voisinage, en cachant son identité de genre. Le film explore les thèmes de l’identité, du genre et de l’enfance, avec une approche sensible et nuancée des questions de non-conformité de genre.

Carol (2015)

Todd Haynes nous ramène après Loin du paradis dans l’Amérique des années 50, avec cette très belle histoire d’amour entre deux femmes que tout sépare, mais qui vont se rapprocher au delà des conventions et échapper à un avenir tout tracé pour elles. Au-delà de la mise en scène soignée, j’ai eu un – gros – faible pour la grande classe de Kate Blanchett et elle a un style incroyable dans ce film. Face à son interprétation toute en subtilité et retenue dans le rôle titre, Rooney Mara cet « ange tombé du ciel » s’avère à la hauteur dégageant des flots d’émotions rien qu’avec son superbe regard.

Mademoiselle (2016)

Dans ce film sud-coréen, Park Chan-wook (Old boy) nous plonge dans les années 1930, pendant l’occupation japonaise de la Corée. A la demande d’un escroc, une jeune femme, Sook-hee (Kim Tae-ri) est engagée comme servante d’une riche héritière japonaise Lady Hideko (Kim Min-hee). Cependant, les plans se compliquent lorsque Sook-hee et Hideko développent une relation intime et amoureuse. Le film se divise en trois parties, chacune offrant une perspective différente sur les événements, menant à des retournements de situation inattendus, mêlant intrigue, érotisme et manipulation. C’est vraiment le film qui m’a fait découvrir l’excellente Kim Tae-ri.

Portrait de la jeune fille en feu (2019)

Céline Sciamma dont j’ai déjà pu apprécié l’excellent Tomboy (2011) a réalisé ce très beau film sur une femme peintre qui doit faire le portrait d’une future mariée. L’image est superbe et bien souvent on a l’impression d’être devant un tableau du XVIIIème siècle. En tant qu’amatrice de peinture, j’ai beaucoup aimé les passages en lien avec la création. L’histoire est aussi superbe, même si on en pressent l’issue dès les premières images. Les deux actrices Adèle Haenel et Noémie Merlant sont superbes de justesse et affichent une belle alchimie à l’écran. Le tout n’a pas le caractère vulgaire qu’on peut voir avec des films sur une relation lesbienne tournés par beaucoup d’hommes. Là, tout y est subtil, comme ces images de fin inoubliables.

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