Il y a un petit moment que j’avais envie d’écrire un article sur ma culture LGBTQIA+. Non pas que je considère que j’en ai fait le tour, mais que j’en sais assez pour la comprendre, l’apprécier, la soutenir et pouvoir en discuter avec les principaux intéressés.
Le LGBTQIA+ friendly ça se cultive. Et pour une cinéphile comme moi, ça passe obligatoirement par le cinéma. J’ai commencé à regarder ce genre de films dès que j’ai été adulte et autonome. J’avais un cinéma d’art et d’essai près de chez moi et je le fréquentais assidûment. J’ai pu y voir tout ce qui sortait à l’époque, mais aussi des rediffusions d’anciens films cultes.
Lorsque les plateformes de streaming (plus ou moins légales) sont apparues, j’ai pu avoir accès à énormément de films qu’on a du mal aujourd’hui de trouver facilement. Il y avait du bon et du mauvais, mais c’était surtout très cosmopolite.
J’ai encore certains films chez moi que j’ai pu glaner au fil des années. Je vous parle dans ce billet de ceux des années 80/90 qui m’ont le plus marquée et de ce qui m’a particulièrement accrochée dans ces productions. Deux décennies, qui après une courte libération, ont vu la communauté être durement frappée par l’épidémie de SIDA. Ce ne sont pas tous des chefs d’oeuvre, mais ce sont ceux qui m’ont questionnée et donner l’envie d’en savoir toujours plus.
Querelle (1982)

C’est le dernier film du réalisateur iconique allemand Rainer Werner Fassbinder. J’ai découvert l’univers de ce metteur en scène avec ce film. Plus tard, je verrais ses oeuvres antérieures dont « Le droit du plus fort ».
Querelle était interprété par un casting international dont Brad Davis, l’acteur de Midnight Express, mais aussi Jeanne Moreau ou Laurent Malet côté français. Dans un décor théâtral et baroque, le réalisateur adaptait un roman de Jean Genet.
Même si l’histoire était très confuse, j’avais adoré l’esthétique et les couleurs chaudes du films. Une esthétique qui a inspiré pas mal de monde je pense, dont clairement Axel Bauer ou Jean-Paul Gautier.
L’homme blessé (1983)
En sélection officielle au festival de Cannes de 1983, L’homme blessé de Patrice Chéreau mettait en scène les acteurs Jean-Hugues Anglade et Vittorio Mezzogiorno. L’histoire écrite par Patrice Chéreau et Hervé Guibert était sombre et crue comme les films de l’époque pré-Sida autour d’une violente passion entre deux hommes dans le milieu de la marginalité.
Même si le sujet autour de la prostitution pouvait sembler choquant le film m’avait marquée par son étrange histoire d’amour et Jean-Hugues Anglade était bluffant dans le rôle. Quelque soit son genre, on pouvait s’identifier à ce jeune qui vivait une passion hors normes. Il fera la grande carrière qu’on connaît aujourd’hui, mais à l’époque il débutait. Il reçut le César du meilleur espoir masculin pour ce rôle.

Maurice (1987)

En 1987 le réalisateur anglais James Ivory adaptait le roman d’ E.M. Forster Maurice. Le film mettait en scène (entre autres) : James Wilby et Hugh Grant.
Situé dans l’Angleterre Edwardienne, le film racontait une très belle histoire d’amour entre deux étudiants de Cambridge contrariée par l’hypocrisie et la dure répression de l’époque. L’un finira par refouler son homosexualité et l’autre par fuir le pays pour la vivre avec un autre homme.
Combien de fois ai-je vu ce film ? Je ne compte plus. Evidemment, les histoires de passion, ça m’embarque toujours. La magnifique mise en scène et le jeu des deux acteurs principaux valaient bien les récompenses qu’ils avaient reçus à la Mostra de Venise.
La loi du désir (1987)
Avant qu’il ne rencontre vraiment le succès l’année suivante avec « Femmes au bord de la crise de nerfs » Pedro Almodovar avait obtenu le premier Teddy award à Berlin avec ce film. On y trouvait déjà tout de ce qui fait son style inimitable, dont ses acteurs fétiches: Carmen Maura, Antonio Banderas et Rossy de Palma.
C’est le genre de film audacieux, où dans les premières minutes, tu t’enfonces dans ton siège en te demandant ce que tu fais là. Mais où ta curiosité finalement l’emporte sur ta gêne. La vie compliquée de ce metteur en scène et de sa soeur Trans était suffisamment originale pour que je sois happée par l’histoire et la beauté d’Antonio Banderas.
Almodovar deviendra par la suite l’un de mes réalisateurs préférés dont je ne rate jamais les films.

My own private Idaho (1991)

Réalisé par Gus Van Sant, le film offrait un rôle très différent à River Phoenix alors en pleine ascension avant la mort qui l’emportera trop tôt en 1993. Il reçut un prix d’interprétation à la Mostra de Venise. J’adorais cet acteur que j’avais vu grandir depuis Stand by me. C’était l’un des meilleurs acteurs de sa génération et je ne doute pas qu’il serait encore aujourd’hui une très grande star s’il avait vécu.
Ce film m’a marquée par son plot autour d’une histoire d’amour impossible entre deux hommes. J’avais trouvé aussi originale cette adaptation de certains passage de Henri IV de Shakespeare dans le milieu interlope de Portland.
Le duo avec Keanu Reeves était superbe. Ces deux garçons étaient magnifiques ensemble.
Philadelphia (1993)
« I was bruised and battered
I couldn’t tell what I felt
I was unrecognizable to myself
Saw my reflection in a window
And didn’t know my own face
Oh brother are you gonna leave me wastin’ away
On the streets of Philadelphia ? »
On connaît (presque) tous la célèbre chanson du Boss Bruce Springsteen. En ce début des années 90, le Sida avait frappé de plein fouet la communauté et j’avais aimé ce film parce qu’il dénonçait la ségrégation dont étaient victimes les malades en raison de leur orientation sexuelle. Tom Hanks y était bouleversant et Denzel Washington vibrant d’humanité. Philadelphia est marquant pour moi parce que c’est l’un des premiers films mainstream à présenter une personne gay sous un jour positif. J’avais bien aimé le charmant petit couple que formait Tom Hanks et Antonio Banderas.

Priscilla, folle du désert (1994)

Il y avait un très bon bouche à oreille pour ce film de l’australien Stephan Elliott, c’est pourquoi j’avais fini par aller le voir en me demandant si je n’allais pas tomber sur un truc un peu trop caricatural.
Ce film fut une très bonne surprise. L’histoire, l’esthétique, l’humour, la musique et la qualité de l’interprétation emportent le spectateur. Je me souviens aussi parfaitement de la convaincante prestation de Terence Stamp en femme Trans.
Bound (1996)
Je dois reconnaître que des films au top avec des lesbiennes étaient plutôt rares à cette époque. C’est pourquoi, Bound me marqua. En effet, ce premier film des soeurs Warchowski présentait enfin une relation réaliste entre deux femmes. Les deux actrices principales Jennifer Tilly et Gina Gershon y étaient superbes. L’histoire était originale et la mise en scène de qualité.

Beautiful thing (1996)

Avec ce premier film, l’anglaise Hettie MacDonald nous plongeait dans l’univers de trois adolescents d’une cité du sud de Londres.
J’avais apprécié ce film, car il était plein d’humour, de vie et de tendresse. Surtout, il était plein d’espoir. Comme des jolies fleurs qui peuvent pousser au milieu de la grisaille du béton.
L’histoire d’amour était simplement lumineuse. Je ne demandais qu’à en voir plus comme ça à l’avenir.
Happy Together (1997)
J’ai déjà avoué ici ma passion pour les films de Wong Kar-Wai et pour leur esthétique. Leslie Cheung et Tony Leung Chu-Wai interprétaient ce couple à l’histoire d’amour agitée qui échoue et se sépare à Buenos Aires.
La patte du grand réalisateur est bien là. Outre cette direction d’acteur qui met bien en lumière la complexité des rapports humains, l’image est d’une grande beauté et certaines scènes inoubliables.
Wong Kar-Wai a obtenu un prix de la mise en scène à Cannes pour ce film.

