Je voulais voir Only Friends (OF) pour le casting. Après leur magnifique interprétation dans Moonlight Chicken, j’étais impatiente de retrouver mes petits #FirstKhao dans un nouveau BL. J’ai suivi les news de la série depuis son annonce lors de l’évènement GMMTV 2023. L’équipe nous a distillé ensuite sur la durée du tournage des photos pour entretenir la hype sur ce drama.

A vrai dire, je m’attendais à un joli bazar avec cette histoire et je dois dire que j’ai été servie. J’apprécie le travail de Jojo Tichakorn tant sur des BL comme Never let me go, mais surtout sur des lakorns hauts en couleurs comme The Warp Effect ou Mama Gogo. Avec lui et ses co-scénaristes (Best Kittisak Kongka alias NINEPINTA & Den Panuwat Inthawat alias VivienneActing) je pouvais m’attendre à tout. Et ça s’inquiétait déjà du côté de ses détracteurs même avant le début de la diffusion. Le BL avait tout pour générer de la polémique et des réactions épidermiques, voire du rejet.

Only friends est l’histoire d’un groupe de quatre amis queer (Cheum, Mew, Boston et Ray), qui pour leur projet de fin d’études ouvre un hôtel ensemble. A cette occasion, ils font la connaissance d’autres personnes (Top, Sand et Nick) avec qui ils vont s’aimer et se déchirer. Leur amitié de longue date va-t-elle tenir face à la tromperie, la jalousie et, surtout, les côtés sombres de chacun ?

Autant dire de suite que GMMTV n’a jamais été aussi loin dans l’audace dans un BL. Elle nous a même surpris dans plusieurs épisodes. Sans sombrer dans le très spicy, la célèbre société de production thaï va quand même plus loin qu’elle ne l’a jamais été dans la représentation des relations homosexuelles dans un drama. On sent bien que l’équipe de scénaristes s’est largement inspirée de sa propre expérience ou de celle de son entourage pour écrire ce BL. Les personnages sont assez fouillés, notamment leurs traumas et ils sont tous intéressants. Il y avait une forte volonté de réalisme autour des relations queer. Par exemple, les personnages n’attendent pas un grand nombre d’épisodes avant de coucher ensemble. Ils n’ont pas besoin d’être profondément amoureux pour le faire non plus. En cela, OF se rapproche des séries queer occidentales ou des films LGBTQIA+. Cependant, ils auraient pu aller plus loin si la nécessité de satisfaire les fandoms n’avait pas pris le dessus. Ce qui fait que ça se termine au final de façon assez conventionnelle, ceci un peu aux dépends de la logique et du réalisme.

Autre aspect plutôt audacieux, c’est la façon dont l’usage de l’alcool, des drogues et de la cigarette est traitée dans cette série. C’est aussi une volonté de réalisme, car ces consommations à risques sont répandues dans la communauté LGBTQIA+, voire dans la jeunesse en général. Je pense que c’est la première fois que je vois des acteurs consommer des spaces cakes dans une série thaï :-))) En cela aussi, on peut dire que Only Friends s’inspire de séries controversées occidentales comme Skins ou Euphoria.

Dès le générique, la mise en scène de Jojo s’avère inspirée. J’ai beaucoup aimé le jeu des couleurs (notamment les verts) et les éclairages. La réalisation est avant tout au service des acteurs et la direction de ces derniers est vraiment maîtrisée. Après, concernant la gestion de l’histoire, on a parfois l’impression que la réalisation s’égare. Par exemple, avec le choix des monologues face caméra qui apparaissent en début de série et qui disparaissent dans la deuxième partie. Idem pour le côté témoignage qui n’est véritablement utilisé finement qu’avec le personnage de Sand. Cela ressemble à une hésitation dans le montage/l’écriture. On a vu aussi certaines scènes qui semblaient bien plus fortes dans le teaser ou les MVs. On sait que les épisodes sont retouchés pour coller aux réactions du public, mais j’ai regretté qu’on ait pas plus de ces monologues pour creuser plus les motivations de certains personnages (notamment Mew). On sent bien que Jojo n’avait que l’embarras du choix avec toute cette belle matière et qu’il a eu parfois du mal de choisir les meilleurs plans.

Le plus de ce BL, c’est avant tout les acteurs. Outre mes petits chouchous First et Khaotung, une autre paire célèbre était de la partie : Force et Book qu’on avait déjà vus cette année dans A boss and a babe. Je n’étais pas spécialement fan, notamment du jeu de Book dans ces deux précédents BL à cause de son surjeu et de ses minauderies. Mais là, je dois dire qu’il m’a agréablement surprise. Dans le rôle du calculateur et intelligent Mew, il était parfait de justesse. Et je dois dire que c’est la première fois que j’apprécie son pairing avec Force. Pour moi, c’est leur meilleur rôle à ce jour. Je les verrais bien tous les deux maintenant dans un thriller.

Cependant, LA révélation de cette série, c’est Mark Pakin. J’ai eu l’impression de le voir partout cette année et, notamment, dans les meilleurs BL de GMMTV My School President et Moonlight Chicken. Tout comme Neo, il a l’habitude de jouer le rigolo dans des seconds rôles. Dans ce drama, il est juste fabuleux dans son interprétation. C’est vraiment un acteur tout terrain. Et il m’a beaucoup émue dans le rôle de Nick. A ses côtés, Neo était tout aussi brillant. J’avais déjà loué son talent dans The Eclipse. Ici, il a un rôle assez difficile à porter, mais qu’il a parfaitement su assumer : Boston la slut de service. Il est super crédible. Et, je dois dire que les scènes NC de Neo et Mark sont les plus intenses du BL. Ils nous ont largement offert plus de sensualité dans les scènes d’intimité que les deux couples officiels. J’ai adoré faire un montage vidéo avec ce couple. GMMTV ne peut pas se passer de ces deux pépites en 2024 !

Je dois tout de même revenir sur l’interprétation de mes favoris First et Khaotung. Ces deux meilleurs amis devenus un couple officiel de GMMTV qui vivent actuellement leur meilleure vie ensemble à l’écran et en dehors, nous ont encore offert une belle performance d’acteurs sur cette série. Khaotung est très bon. On le sait tous depuis sa scène terriblement émouvante aux obsèques de la mère de Gaipa dans Moonlight Chicken. Là, il fait vivre son personnage de Ray l’alcoolo de façon très convaincante. Perso, les circonstances de son alcoolisme et son comportement m’ont rappelé quelqu’un que j’ai connu, alors j’ai eu du mal de vraiment l’apprécier. Le fait est que le personnage est plutôt bien écrit. Et c’est la première fois que dans un BL le sujet de l’alcoolisme est traité. Généralement, on a le droit à une scène de beuverie qui rapproche les personnages, voire à pire. L’alcool est un moyen et non pas un sujet. Là, il faut reconnaître que l’addiction de Ray est bien décrite. Hormis la rehab qui est trop « rushée », le reste sonne vraiment juste.

Vous savez que j’aime beaucoup First Kanaphan depuis son personnage de Yok dans Not Me. Il restera mon petit peintre extraverti et activiste pour toujours. Dans le rôle de Sand, il joue le beau gosse de service avec T-shirt Rock et blouson de cuir. C’est aussi le personnage le plus « sain » de l’équipe. Je me suis de suite sentie une vraie proximité avec son personnage, tant par le côté rocker, que par son côté bûcheur et aidant. Il est superbe avec Khaotung, mais c’est bien aussi que le drama lui ait permis d’embrasser d’autres acteurs. On le sait depuis des lustres que First a de l’alchimie avec tous ses partenaires. Il est aussi tellement généreux à l’écran que ces derniers ne peuvent que briller. Dans Only Friends, First a fait du First, avec des larmes et des cris de douleur… Du coup, ça a été un roller coaster d’émotions avec lui au fil des épisodes. En fonction de l’évolution du personnage, je finissais déprimée ou reboostée après la diffusion. Souvent, je n’étais plus en mesure de me concentrer sur quoique ce soit d’autres à l’issue de l’épisode de la semaine. Néanmoins, même s’il était magnifique, je n’ai vu qu’en de rares instants son côté solaire. Celui qui fait qu’il illumine nos écrans/TL avec son sourire. Donnez-lui une série plus légère. J’en ai besoin.

Après, outre les six personnages principaux, les autres couples sont beaucoup moins approfondis. On peut regretter ne pas avoir vu plus de scènes entre Cheum et sa petite amie jouée par Nonnie la soeur de Nanon. De même pour Jennie Panhan qui n’a vraiment eut qu’une petite scène pour s’exprimer véritablement. J’aurais aimé en savoir plus sur la vie d’une personne trans comme elle. Sinon, le secret a été bien gardé sur le personnage mystérieux de Boeing qui est un ex de Sand volé par Top. Tout le monde attendait Mix, mais c’est un acteur de Not me qui a (bien) joué ce fameux ex.

Avec un tel casting, autant dire qu’on a eu des guerres de fandoms à n’en plus finir. C’était usant. Certain.e.s crisant parce que leur couple préféré n’avait pas eu assez de temps d’écran sur un épisode ou parce que certaines scènes avaient été coupées. Le réalisateur était obligé de s’expliquer sur ces coupes intempestives. J’avais déjà vu Jojo devoir rendre des comptes sur des coupes sur Never let me go, car les fans n’avaient pas vu telle ou telle scène très attendue. Là, toutes les semaines, il devait répondre à tel ou tel fandom, parce qu’une des scènes avait été supprimée. Au final, il nous diffusait carrément la scène exclue en question. Je pense que ça devait être pénible pour lui de devoir justifier chaque semaine ses choix de montage (même si certains sont effectivement discutables).

Même si ça n’a pas plu à tout le monde, j’ai pour ma part apprécié les commentaires de Den Panuwat Inthawat aka @VivienneActing, l’un des scénaristes. C’est un coach en acting et scénariste que je suis sur Twitter/X depuis War of Y et il a contribué activement à l’écriture de cette série. Il a aussi participé à PlayboyyTheSeries, donc on va le revoir très prochainement et il faut le plaindre parce qu’il n’aura pas eu le temps de reprendre son souffle entre les deux diffusions.

Pour finir, parlons un peu de l’OST résolument rock. La chanson du générique chantée par Khaotung est dynamique et elle illustre superbement les images associées. On a aussi découvert à cette occasion des sons thaï plutôt intéressants.

Une série qui fera date, si ce n’est en Thaïlande, pour le moins chez GMMTV. Sa maturité, sa grande liberté de ton et son succès devraient amener d’autres séries du même genre à être produites. La production laisse planer le doute sur une suite ou un spin off. En ce qui me concerne, en dépit de ses quelques défauts, je l’ai beaucoup aimé.