#Shine : mon avis

Dans le monde de l’industrie du divertissement Thaï, Be on Cloud est une société, souvent controversée, qui nous produit toujours des séries qui sortent de l’ordinaire. Même si elles ne plaisent pas à tout le monde (elles n’en ont pas la vocation), elles ne laissent jamais indifférent. Après la mafia (KinnPorsche), l’horreur (DFF) ou le fantastique (4 Minutes), on plonge cette fois dans une romance historique et politique qui se situe à la fin des années soixante.

L’histoire

La série débute le 20 juillet 1969 avec les astronautes américains qui marchent sur la Lune. A l’époque la Thaïlande est dirigée par une junte militaire. Comme partout ailleurs, la jeunesse a soif de liberté et d’égalité. C’est dans ce contexte qu’évoluent Trin (Apo) un jeune professeur d’économie ayant fait ses études en France, Tanwa (Mile) un hippie musicien gosse de riche en rupture avec son puissant père, Krailert (Son) un colonel porte parole de l’armée (et oncle de Trin) et Naran (Euro) un jeune journaliste idéaliste. A l’occasion d’un projet de centrale électrique qui va mettre le feu aux poudres, tout ce joli monde va se croiser, s’aimer, se battre, se quitter et se retrouver.

Même si le script a utilisé quelques facilités, notamment sur la fin, l’ensemble est tout de même très bien écrit. Il a pour intérêt de parler d’une période jamais évoquée dans des BLs, sans trop se censurer, ni trop de manichéisme. Sans doute y a-t-il beaucoup de références qui nous échappent à l’international, mais je pense que le contexte est réaliste. De mon côté, j’ai énormément apprécié l’histoire improbable de Krailert/Naran. Même si la tragédie était inscrite dans les gênes de leur couple, j’ai adoré leur côté incroyablement romantique avec les messages par voie de presse ou les petits mots dans les livres de la bibliothèque.

La réalisation

Tout d’abord, je vais dire que la reconstitution historique est de toute beauté, les décors, les costumes, coiffures et maquillages sont parfaits. Apo a l’air d’une star masculine des années soixante et les femmes y sont sublimes de beauté comme des icônes de magazine de l’époque. L’ambiance est donnée dès le générique, très psychédélique, avec une excellente OST dans la couleur sonore de ces années là.

La cinématographie est également superbe avec notamment l’utilisation des couleurs et des lumières pour distinguer les couples et leurs histoires. Ainsi, dès le départ, TrinTanwa est très coloré, les images léchées avec de nombreuses scène en extérieur. Pour KrailertNaran on plonge dès les premiers instants dans des clairs-obscurs, des lieux clos et des étreintes furtives derrière des portes. Même si j’ai parfois détesté le montage, souvent rushé comme un clip, j’ai apprécié les moments où la caméra prenait plus son temps.

BoC a pour spécialité la nudité et des scènes NC particulièrement réalistes. Shine n’y échappe pas, mais la mise en scène a sublimé la beauté des acteurs, sans que ces scènes ne soient ni vulgaires, ni racoleuses. Un écueil dans lequel BoC était tombé avec les scènes NC de JJFuaiz dans 4 minutes qui avaient jeté un malaise.

Le casting

Je dois dire que le casting est de grand luxe. Quelle bonne idée de faire venir de célèbres acteurs de lakorn pour interpréter Krailert et Naran. Non seulement ils sont magnifiques, mais avec peu de temps d’écran, ils arrivent à faire passer tellement de choses pour au final voler la vedette à MileApo qui d’un coup paraissent beaucoup plus lisses et fades qu’eux, même si leur histoire est mignonne. Nos deux stars maison font tout de même une belle performance, en progression par rapport à leurs précédents rôles. A noter que BoC a brouillé les rôles côté BL en faisant du TrinTanwa et rendant Krailert et Naran versatiles.

J’ai adoré Peter Deriy dans le rôle de Victor l’étudiant militant. Ce jeune acteur métisse a réussi grâce à son charisme à faire vivre ce personnage, rival malheureux de Tanwa et activiste engagé.

Moïra la propriétaire du Grand Paradiso où se passe nombre de scènes et Dhevi la femme bafouée de Krailert sont elles aussi merveilleusement interprétées par de grandes actrices thaï Nok et Kob. J’ajouterais aussi Parn qui joue la mère de Victor qui m’a tirée des larmes dans l’épisode 9.

Autant vous dire qu’avec tout ça j’ai adoré cette série mature et merveilleusement interprétée et filmée. Même si elle est taguée BL, on peut dire aussi qu’il s’agit tout simplement d’une série queer qui parlera à la communauté associée, comme elle parle tout de même au fandom BL. Elle évoque l’amour, la liberté et l’espoir. Même si la Thaïlande a connu de grandes avancées sociétales depuis l’époque où se déroule la série, rien n’est jamais acquis, surtout lorsqu’on note l’obscurantisme vers lequel se dirigent certains pays.

Un commentaire

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