Il y a un peu plus de deux ans, j’étais un autre dans ce monde.
J’avais 18 ans. Je venais d’avoir mon bac S. J’aimais le rock, les rousses et la geek attitude.
Je la rencontrai au détour d’un commentaire posé sur l’un de ses posts. Elle aimait mon humour, j’aimais son « klout » (enfin un truc de score qui lui ressemblait).
Elle était compliquée, malade, coquine, seule et fut rousse.
Elle avait un avatar de victime, j’avais la tête d’un beau gosse.
Je voulais la sauver du côté sombre du net. Elle s’y complaisait.
J’ai croisé bien des pseudos depuis mais, je me souviens encore du sien. Il sonnait comme la rayure d’un diamant sur du verre.
J’ai lu tant de voix mais, je me rappelle encore la sienne et la douceur du rire de ses émoticones.
Nos mots se sont croisés, les liens se sont tissés. La complicité virtuelle s’est créée.
Mais, une plaisanterie de trop plus loin et elle me haïssait.
Je n’ai rien compris et nul n’a cru mes mots d’excuse dans le vide froid de la toile.
Au final, je n’étais sans doute pour elle qu’un névrosé trentenaire au bord du divorce.
Elle n’était pour moi que l’héroïne ambiguë d’un « Tout sur ma mère » à la sauce WEB.
Quand trop de mensonges et d’imagination tuent la confiance.
L’amitié dans ce monde ci est aussi solide qu’un souffle de brise.
Elle s’est évanouie à la vitesse d’un clic.