Dis, tu l’as lu le livre de Guy Birenbaum ?
Ben oui, je l’ai lu il y a déjà quelques temps et, depuis, je ne savais pas comment rédiger un article sur cet évènement Twitterien.
Contrairement à de nombreux blogueurs, je ne connais pas personnellement Guy Birenbaum. Mais qui a vécu autant de temps sur Twitter que moi pense qu’il a toujours été dans le paysage. Lui, l’épicier, un des piliers de notre village numérique. Il m’a sans doute bloquée depuis longtemps. Je me doute que de voir passer des tweets un peu trop lourdingues de militante politique ça peut lasser à terme (d’ailleurs moi aussi ça m’a lassée).
Alors, lorsque j’ai su que cet influent personnage du net avait publié un livre racontant sa dépression, j’ai voulu le lire. Sans doute mon côté voyeur. J’avais lu le bouquin de Valérie Trierweiller juste pour pouvoir en rédiger des commentaires sur le net. Mais, là où le livre de l’ex du prez était sans intérêt littéraire, le livre de Guy Birenbaum est bien écrit et présente une forme moderne proche du blog. Donc, à l’issue de la lecture, je me suis sentie interpellée et moins honteuse d’avoir succombé à mon envie de savoir.
Le livre est touchant et dérangeant. Touchant parce que j’ai suivi l’auteur dans l’évolution de sa souffrance quotidienne liée à sa maladie. J’ai senti l’amour de sa femme, l’amitié vraie de ses amis. Dérangeant parce que cette douleur criée, jetée en pâture à la populace, m’a semblée tellement intime que j’ai eu, par moment, l’envie de refermer le livre à cause de la gêne qui me gagnait. Dans le milieu professionnel, la dépression est une maladie honteuse. Alors, lorsque Guy Birenbaum annonce même à son employeur qu’il est dépressif, j’ai trouvé cela très courageux. Néanmoins, toute cette compréhension autour de lui, cela m’a semblé trop beau pour être vrai. Ou alors, le milieu dans lequel il vit n’est pas aussi superficiel qu’il en à l’air. C’est le monde des Bisounours et, le notre, l’enfer de Dante.
J’avais aussi voulu lire ce livre à cause de la critique de l’ultra-connection internet. Et donc, de la critique des gens comme moi. Effectivement, Guy Birenbaum y trouve là une des causes de sa maladie. En très grossièrement résumé : trop de temps passé en ligne avec des cons de fachos qui lui prennent la tête et qui l’empêchent de profiter de la vraie vie avec sa famille et ses amis. L’auteur avoue tout de même avoir succombé volontairement au côté exhibitionniste propre à la vie numérique. Encore un truc courageux de sa part de le reconnaître. J’ai particulièrement souris lors du passage au sujet de la requête Google qui lui ramène tout ce qui se dit sur lui sur le net. Le comble du narcissisme digital. Sans doute que lorsqu’on est aussi visible, aussi connu, aussi admiré et haï que lui, l’endroit peut-être toxique. J’en conviens. Mais, lui, plus que tout autre, connaissait bien les risques du lieu. J’ai bien du mal de comprendre qu’il se soit pris les pieds dans le tapis (de souris). Piégé comme un ado.
Cependant, j’ai vu qu’il traînait toujours dans le coin. Mollement. Loin de sa frénésie d’autrefois semble-t-il. Alors, si jamais, il a toujours cette fameuse requête Google qui mouline, je veux qu’il sache que j’ai lu son bouquin (sur ibooks – on ne se refait pas) et que depuis ses mots me trottent dans la tête. Suis-je trop connectée ? Est-ce que je passe à côté de la vraie vie ? A la réflexion, le solde est positif pour moi. En ce qui me concerne, le net est un plaisir, pas mon gagne pain. Et puis si un jour ce n’était plus le cas, comme le dit Guy Birenbaum (à peu près – je n’ai pas retrouvé où) j’ai vécu avant internet, je peux vivre sans.