Quand j’ai lu que Kemp, l’un des auteurs de mon site d’écriture possédait plus de six mille ouvrages, je me suis dis que mes bibliothèques débordantes étaient loin d’en compter autant. Cependant, tout comme lui, elles retracent une longue vie de lecteur, commencée pour lui à l’enfance et pour moi à l’adolescence.
J’en profite pour remercier mes profs de français de 6ème et 5ème de ne pas m’avoir dégoûté des lettres, mais plutôt d’avoir réussi à me transmettre leur passion de la littérature. Monsieur H. que ma mère croisait au marché tractant pour Lutte Ouvrière et qui eut la bonne idée de me retirer trois zéro par trimestre sur mes notes d’orthographe. Mademoiselle P., si élégante et érudite, qui nous invitait dans son petit appartement avec mes camarades du club théâtre pour nous aider à confectionner nos costumes de scène (impensable aujourd’hui). Oui, je les remercie parce que chez moi il n’y avait presque aucun livre. Ma mère lisait seulement des magasines et mon père ne s’intéressait qu’au Canard enchaîné et à San Antonio.
Ainsi, j’ai commencé ma carrière de collectionneuse en achetant mes premiers livres avec l’argent que me donnait ma grand-mère. Oh, ce n’était que des livres de poche mais, aujourd’hui, ils sont toujours là, dormant sur des rayons en bois. Pour mes premières acquisitions, j’ai privilégié des romans historiques et des témoignages. Et donc, nous commencerons par là pour la visite des oeuvres entassées dans mes bibliothèques. Là, se côtoient en vrac Jules César et Caligula, Louis XIV, Pierre Le Grand, Marie Antoinette et Joséphine ainsi qu’un grand nombre de témoignages de la seconde guerre mondiale. Période pour laquelle je me suis prise de passion avant de quitter le collège. Plus tard, j’ai acquis des oeuvres importantes comme « L’identité de la France » de Fernand Braudel.
J’ai débuté aussi, dès le collège, une collection d’ouvrages traitant de l’homosexualité masculine afin d’étancher ma curiosité sur ce sujet. Le « le jardin d’acclimatation » d’Yves Navarre a été mon premier choix avant de dévorer le reste de son oeuvre. Sont venus l’accompagner assez rapidement « Dans la main de l’ange » de Dominique Fernandez et le « Satiricon » de Petrone. Plus tard, j’ai poursuivi entre autres avec de nombreux romans de Philippe Besson ainsi que pas mal d’autobiographies de stars homosexuelles.
Arrivée au lycée, à l’âge où la conscience politique se forge, je suis devenue féministe et donc j’ai donc entamé la lecture d’une série d’ouvrages associés : du « deuxième sexe » de Simone de Beauvoir à « XY » d’Elisabeth Badinter. Le lycée était aussi le temps où j’ai connu mes premiers émois de cinéphile, alors j’ai acheté quelques livres traitant de cet art ou de la vie des plus grandes stars de l’écran comme Marilyn Monroe. Mais, c’est aussi à cette époque que j’ai réellement commencé à m’intéresser au roman avec du bon comme du moins bon. Les grands auteurs y ont côtoyé des écrivains plus modestes d’ouvrages destinés à l’évasion. Et là, nous sautons à la deuxième bibliothèque du salon. De cet amas foisonnant et bigarré, je ne garde que « Le choix de Sophie » de Styron, « Epaves » de Goodis, Anne Rice et ses chroniques des vampires ainsi que les meilleurs livres de Houellebecq. Des oeuvres sombres et désespérées. Le reflet de mon âme.
Outre d’abondants ouvrages d’art, mon autre passion, qui sont toujours difficiles à stocker, j’ai entamé bien plus tard des collections de BD à caractère historique. Tout cela prenant beaucoup de place, j’ai fait l’acquisition d’une troisième et très grande bibliothèque en chêne. Là, j’ai rangé les oeuvres complètes de Victor Hugo dans une belle édition reliée. Les auteurs humanistes sont bien ceux qui ont le plus d’influence sur moi.
Et, je vous épargne la description de toutes ces encyclopédies, ces ouvrages de voyage, ces beaux livres de cuisine, de santé, de bricolage qui occupent bien d’autres meubles ailleurs dans ma maison.
Depuis quelques temps, j’ai choisi la tablette pour lire mes derniers livres. Je ne garde les quelques places qui restent que pour des ouvrages d’exception. Mais, le plus important, au delà du temps que je passe à errer sur Internet, je continue à lire. Et j’espère que ma bibliothèque iBooks croulera elle aussi bien vite sous les oeuvres numériques telles celles de Delphine de Vigan ou de Camille Laurens.