Depuis quelque temps, j’ai remarqué un homme. Partout où je vais, il est toujours là dans les parages. Lui. Le type parfait dont toutes mes copines sont amoureuses. Il a tout. La beauté et le talent. L’intelligence et la sensibilité.
Pour moi, il est tellement parfait qu’il ne peut exister. Et, je cherche le bug, l’erreur, le vice caché. Mais, RIEN.
Elles, folles de lui : « Tu sais, il comprend tellement les femmes. »
Moi, suspicieuse : « Les seuls types que j’ai connu qui comprenaient les femmes, c’était juste pour mieux jouir d’elles ou les faire souffrir, ou les deux… ».
Le mec peut-il être réellement mal intentionné ? Ou c’est moi qui projette sur lui tout ce qui fait que je ne peux en supporter un très longtemps ? Pourtant, il a l’air tout ce qu’il a de plus rangé et fidèle. Il affiche son couple idéal dans les soirées et sur les réseaux sociaux… Ah, ah, ah… Désolée, c’est nerveux.
Alors, mes copines soupirent et leurs soupirants enragent. Quand elles leur reprochent de ne pas être comme lui, ils se rebellent, me prennent à témoin : « Dis leur toi Jul qu’un type comme ça, c’est trop beau pour exister ! ». Je lève les yeux au ciel. Je voudrais leur dire qu’il est comme ci ou comme ça, mais non, je ne trouve vraiment rien. Même si les apparences sont généralement trompeuses, le mec ne semble pas tromper son monde.
Et s’il était réel après tout ? Une perfection faite homme. Artiste touche à tout, engagé, courageux et féministe… Juste un truc qui m’agace un peu en lui : sa propension à donner des leçons aux autres mecs et à se mettre un peu trop en avant. Il a un côté exhibitionniste. Les copines me rétorquent : « Obligé, s’il veut être lu et écouté. » Eh bien oui, de nos jours faut savoir attirer le chaland quand on veut percer. Son personnage si attrayant les amènera à lire ses textes, à écouter ses chansons. Il a bien compris l’importance de la communication à l’époque où l’image et l’ego sont rois.
Bref, le garçon a fini par sérieusement m’intriguer moi aussi. J’ai voulu en savoir encore plus sur lui. J’ai lu ce qu’il écrivait. Et depuis, je n’écris plus ou si peu. C’est juste un putain de bon écrivain, avec un style moderne, direct et dense. Le genre de jongleur des mots qui me confirme que je suis juste ratée ou que j’écris peut-être bien, mais que je ne pourrai pas faire mieux. Ai atteint mes limites. Point, à la ligne.
C’est qu’il me parle ce coquin. De ses addictions passées si joliment et poétiquement décrites. Des choses qui le révoltent avec des jeux de mots qui dansent une volte sans vertugadin. Oui, il parle à mon esprit. Mais, il ne me parle pas à moi. En fait, je l’indiffère. Dans une pièce, il irradie, pas besoin de lumière. Et comme des mouches, mes amies sont attirées par son aura. Sa copine n’est pas fâchée. Non, elle est fière de son succès et pas du tout jalouse. Ah, ah, ah… Encore désolée, c’est toujours nerveux.
Dans l’ombre, tel le fantôme que je suis, j’observe tout ce manège… J’écoute. Je n’en perds pas une miette. Combien de temps ce beau conte va-t-il durer ? Certaines espèrent. D’autres désespèrent. Les paris sont ouverts. Les maris sont vénères. Moi, je ris. Ces sont les nerfs…
Il y quelques jours, il m’a souri et m’a complimenté pour un bon mot que j’ai sorti. Et puis, après, plus rien. Même pas un petit bonjour. Le bougre, il est fort. Il a percé à jour le secret des femmes. Il ira loin. Notre monde lui appartient.