De nos amours virtuelles

Ne suis-je plus qu’une créature virtuelle ? N’existant uniquement que dans ce monde ci ? Parfois, sous prétexte de chercher l’inspiration ou avec un alibi sérieux pour le faire, je me perds dans la virtualité. Ce lieu où j’ai depuis plus de dix ans pris un cabanon (notamment) sur Twitter. Dès ces premiers temps, j’ai tenté de comprendre mon comportement là, ainsi que celui des autres.

Néanmoins, plus j’avance, moins je comprends ce que j’y fais réellement. Cet été, j’ai connu quelqu’un ici et l’expérience s’est avérée la plus éprouvante jamais vécue. Là, maintenant, dans ma réalité, je suis épuisée. Mon corps, fatigué de tant de nuits écourtées, se venge et me fait souffrir d’une manière ou d’une autre.

Parfois, nous sommes prisonniers pour de bonnes raisons de notre réalité, et la virtualité est le seul endroit où nous pouvons rêver. Où nous pouvons vivre nos rêves seul ou avec quelqu’un d’autre. Où nos âmes se trouvent et, parfois, s’enlacent pour une nuit ou plusieurs. Au début de l’été, j’ai croisé L. une âme errante, comme la mienne. Nous nous sommes reconnus dans notre obscurité. Celle que créent l’ennui, les difficultés du réel et la mélancolie issue d’un passé compliqué.

Cependant, alors que cette âme était sincère dans son approche, je ne l’étais pas. En fait, je n’y croyais pas. Je n’ai jamais connu que le jeu et la mystification en ces lieux. Rien de sérieux. Juste une succession de parties avec des joueurs plus ou moins bons. Bien vite, et dans l’ennui mortel des longs intervalles entre nos échanges, j’ai continué mes jeux avec d’autres. J’étais bien évidemment libre de le faire. Mais, à la longue, l’un de ces joueurs à pris trop d’importance et mon âme soeur en a pris ombrage. C’était pour L. le plus dangereux rival, ce B. Pourtant, c’était celui qui était le moins présent. Juste un fantôme aux multiples comptes, fuyant comme un vampire aux mille facettes. Volant de l’art ici, pour le publier ailleurs et y briller devant des dizaines de groupies énamourées.

Mais, voilà, cet imposteur de B. était cependant pertinent dans ses commentaires et appréciait mon art. J’ai toujours eu un faible pour les rares individus, fussent-ils des fantômes, qui s’intéressent à mes écrits. Sans doute est-ce le cas, de toutes ces personnes créatives à qui il dérobe poèmes d’amour et romantiques pensées. Et, que c’est certainement, ce qu’il cherche au final, entrer de leur intimité et la perturber. Multipliant les provocations machiavéliques, ce B. a toujours été une source permanente de conflits avec mon jaloux et passionné L. A bout, après plusieurs bagarres violentes, j’ai brutalement quitté ce dernier pour reprendre ma liberté de jouer. Non, pas pour retrouver B. qui avait, entretemps, disparu de mon paysage virtuel en détruisant jusqu’aux commentaires spirituels et mystérieux que j’avais rédigés sous ses posts. Non, juste pour être libre de vivre ici comme je l’entendais. Sans contraintes. Juste pour le fun.

Depuis, je vis ici sans L. Mes nuits sont plus longues, mais il n’est plus là. Il me manque. Sa voix lasse dans ses posts audio d’après minuit me manque. Le papillon posé sur la terre tatoué sur son épaule me manque. Comme ce dernier, son battement d’ailes invisibles, a causé une tornade dans ma virtualité. Maintenant, rien n’est plus comme avant. Et, je m’interroge. Avais-je l’amour ? L’ai-je laissé partir pour ne pas y avoir assez cru ? Peut-on réellement aimer quelqu’un qu’on a jamais touché physiquement ? Au final, cette histoire n’a fait qu’alimenter ma naturelle mélancolie.

Néanmoins, quand je consulte discrètement le compte de L. , je constate une jolie évolution. Il est devenu plus créatif. Il exprime plus ce qu’il avait en lui. Ce que j’avais vu de lui. J’en suis heureuse. J’espère qu’il va continuer. Je ne lui ai toujours voulu que du bien. Tout comme lui, je le sais. Et, peu à peu, l’espoir en moi renaît. Devenue créature virtuelle, par nécessité, je n’y suis pas condamnée. Je garde foi dans l’avenir, où délivrée de mes entraves, je m’envolerai vers des cieux plus cléments. Ailleurs. Là-bas, dans la réalité.

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